Je m’appelle Julie Daneluzzi, et pour vous parler de ma conception du métier de psychologue, je vais vous raconter une
petite histoire. Celle que je raconte aux enfants qui me demandent « C’est quoi être psychologue
Madame ? »
Un problème, un souci, un ennui, un truc qui tracasse…c’est comme un caillou dans une chaussure.
Au début, on s’y fait. On n’a pas envie d’interrompre ce que l’on est en train de faire pour un si petit
caillou.
Il faut s’asseoir, défaire ses lacets, ôter sa chaussure et l’enlever. Et refaire tout le chemin
inverse…Donc, on ne prend pas ce temps et on se dit « il va finir pas partir tout seul » ou « ça n’est
qu’un petit caillou, je vais m’y habituer ». Au début, on apprend à marcher avec, on positionne son pied différemment, on essaie de le faire glisser là où il nous gênera le moins.
Mais il occupe sans cesse nos pensées tant il nous oblige à mettre en place des stratégies pour pouvoir continuer à marcher correctement. Puis, plus ça va, plus ce maudit caillou prend de la place.
Dès que nous posons le pied par terre il est là, et occupe de fait un espace énorme dans notre tête.
Et puis surtout, il nous fait mal, il nous blesse même si ce n’est qu’un petit caillou. A force, par
contrainte et dépit, on s’arrête pour l’enlever. On s’aperçoit alors qu’il a écorché notre pied, voire
déformé notre façon de marcher et on se rend compte qu’il nous faudra quelques jours pour
marcher à nouveau correctement.
Un souci, quel qu’il soit, c’est comme un caillou dans une chaussure. L’enlever nous prend du temps,
de l’énergie, laisse des traces, on minimise son impact et surtout, on pense que l’on va pouvoir
s’habituer à faire avec sa présence.
Engager un travail avec un.e psychologue, c’est prendre le temps de se poser pour enlever le caillou dans sa chaussure, panser ce qu’il a blessé en soi. Et ce, dans un espace d’écoute dépourvu de jugement, de contrainte et totalement confidentiel.